Certains le savent déjà, d'autres le découvriront peut-être. Mais oui, nous avons bien failli couler dans le canal.


Petit historique.

3 secondes d'inattention après le passage de l'écluse de Lavache (au sud de Montech), nous ont menés à bien des soucis...

En deça de la limitation de vitesse mais pourtant trop vite, nous avons frôlé de trop près le rivage. Si dans tout le reste du canal, le fond est vaseux, ici c'était un enrochement.

Nous avons donc heurté une grosse roche avec tout l'arrière du bateau : l'aileron du safran et le safran. Dans les secondes qui suivent on se rend compte que le bateau ne se manœuvre plus. avec l'inertie, il se déporte de l'autre côté du canal, en douceur. Le temps que Rémi saute pour s'arrimer à la rive pour voir ce qu'il se passe, Myriam descend à l'intérieur et entend un funeste "glouglou" qui ne présage rien de bon. D'ailleurs l'eau ne tarde pas à s'infiltrer par l'arrière du bateau.

"On prend l'eau !"

On active les pompes de cale électrique, manuelle ... Et en même temps on cherche à joindre des secours. Rémi plonge pour voir ce qu'il peut faire d'en dessous. Rien, de toute façon la visibilité dans le canal est si faible qu'il ne voit rien mais sent sous sa main l'importante déchirure à la base de l'aileron. Le safran non plus n'est pas exactement à sa place.

On appelle les pompiers. Qui ne voient pas ce qu'ils pourraient faire mis à part apporter une pompe, et qu'après tout on ne va pas pomper tout le canal, parce que tant qu'on ne bouche pas la voie d'eau, vraiment ils ne voient pas de solutions, il faudrait peut-être voir avec les VNF ? Mais vraiment vous comprenez, n'est-ce pas que nous ne pouvons pas pomper le canal ... Myriam le coupe : "Ok je vous laisse, j'ai de l'eau jusqu'au cheville, il y a urgence là"

Trouver le numéro des VNF tout en pompant, et d'autant plus un numéro qui réponde le dimanche après-midi relève presque de l'exploit. On trouve un numéro d'astreinte. Après avoir suivi et attendu à l'écoute d'un répondeur interminable, nous tombons sur un homme qui ne comprend pas comment on a eu son numéro. Myriam lui explique la situation. Mais il tient mordicus à savoir comment on a eu son numéro, parce que vous comprenez, il n'est pas d'astreinte aujourd’hui, c'est quelqu'un d'autre, c'est pas normal... Myriam le coupe, on est en train de couler, merci de nous donner le numéro de la personne d'astreinte.

Il nous l'envoie par SMS. Myriam appelle, la jeune femme qui répond vient d'arriver, elle ne sait pas, elle demande à son boss, elle me rappelle. La chance, son boss n'était pas loin. Moins de chance, c'est avec les pompiers qu'il faut voir ça...


Retour à la case départ. Rappel des pompiers. Qui acceptent finalement de venir avec une motopompe, le temps qu'on trouve une solution.

Pendant ce temps, nous essayons toute sorte de solution pour relever l'arrière du bateau. Mettre tout le poids à l'avant au maximum, mettre à l'eau l'optimist qui pèse sur le portique arrière, vaine tentative pour gonfler l'autre annexe et la positionner sous la jupe afin de surrélever l'arrière, descendre la dérive pour s'appuyer sur elle au maximum (la dérive étant relevable, ça ne fonctionne absolument pas)...


La voie vélo, unique accès pour les pompiers est sur l'autre rive, Rémi prend l'optimist, le petit moteur, il tire Zigzag jusqu'à l'autre rive. Pile au moment où les pompiers arrivent.


L'une des pompiers, vient dans le bateau pour essayer de comprendre ce qu'il se passe. Ils actionnent la motopompe thermique, parce que l'électrique ne fonctionne plus.

Ouf on commence à souffler, moins dans l'urgence, mais dans l'urgence tout de même, il nous faut trouver une solution, car les pompiers ne vont pas rester avec leur pompe toute la nuit.

Notre assureur Sambo, ne propose pas de numéro d'assistance, de dépannage, ni sur internet, ni sur notre contrat. Comment faire ? Un dimanche soir dans le Tarn et Garonne, personne ne répond.

Un des pompiers connaît un grutier pas loin. Nous l'appelons, mais son grutier est en vacances. Il nous donne le numéro d'ADLTP, une boîte de Montauban, qui répond et vient rapidement constater.

Ils reviennent avec une énorme grue, qui passe par la voie vélo, et nous pose dans le champs d'à côté.


Nous touchons la roche vers 16h30, premier appel aux pompiers à 16h49. Arrivée des pompiers et de la pompe à 18h.

Grutage et sortie du bateau à 22h, pour la modique somme de 1800 euros.


L'urgence est passé, la honte d'avoir failli couler dans le canal nous étreint. Mais demain est un autre jour, il faut essayer de dormir maintenant.


Dans notre malheur nous avons eu beaucoup de chance :

  • celle d'être dans la rare zone du canal où il y a un champs en contact direct sans arbres
  • celle d'avoir un bateau béquillable
  • celle d'avoir une voie vélo suffisamment large pour qu'une énorme grue (qui peut porter un bateau de 7 tonnes plein d'eau) puisse passer
  • celle d'être tombé dans le champs d'une ferme habitée par des jeunes franchement sympas, dont l'aide depuis est très précieuse
  • celle que ce soit malgré tout dans un canal et que nous n'avons physiquement rien du tout
  • celle d'avoir un chantier naval à moins de 20 km, avec un gars qui s'est déplacé dès le lendemain
  • celle d'avoir bénéficier, malgré tout, d'une intervention rapide des pompiers, nos banquettes et nos affaires ne sont pas du tout mouillées
  • celle d'avoir un chaton, stoïque et confiant, qui est allé dormir sur le radeau de survie, en attendant que ça passe.


Tous les gens que nous avons pu avoir au téléphone bien qu'ils aient été assez peu compréhensifs de l'état d'urgence dans lequel nous nous trouvions restaient extrêmement sympathiques. Nous sommes finalement très bien entourés !